Du désir naissant à sa realisation

Le syndrome du travailleur sédentaire

Un jour d’Avril 2014, profitant alors d’une pause entre deux interventions informatiques assis à mon bureau, je me laisse distraire en lançant un regard par la fenêtre donnant sur la très prisée Brompton road dans le quartier très huppé de Knightsbridge à Londres. Les pensées fusent. Cela fait maintenant environ 4 années que je suis rentré dans ce que l’on a pour habitude d’appeler « la vie active ». La vie active ? Me dis-je… Est-ce vraiment un nom approprié ? Devoir pédaler toute l’année pour pouvoir enfin mériter 5 semaines de congés par an, avoir la chance de rembourser un crédit immobilier sur 20 ans.

Je me rends alors compte que le travail nous prive de liberté géographique et financière, car quoiqu’il arrive il nous faut être présents sur notre lieu de travail lorsque celui-ci l’exige, c’est à dire la plupart du temps.

Privés de liberté financière car les ‘heureux’ possesseurs de contrats de travail investissent l’argent que leur employeur leur rétribue en échange de leur temps pour s’offrir un appartement à crédit « pas trop loin de leur boulot », et dans les grandes villes des pays développés les prix sont juste fous. C’est donc une spirale infernale, le travail se trouvant en majorité en ville, on s’endette pour s’acheter un lieu de vie qui n’en est pas un. C’est la continuité du lieu de travail, le travail vous imposant d’habiter à une distance raisonnable et acceptable de celui-ci. Plus vous décidez de vous éloigner, et plus vous le regretterez en allongeant vos aller/retours quotidiens, vous faisant davantage traîner des pieds lorsque votre réveil retentit, comme tous les matins.

Je connais déjà des personnes qui ont « pété un boulon », qui ont décidé de plaquer leur job pour élever des chèvres dans le Larzac, ou pour s’offrir des vacances à durée indéterminée. Mais est-ce un réel pétage de plomb ou au contraire un instant de génie et de lucidité ? L’homme qui décide de briser ses chaines est perçu comme un fou par celui qui les a aux chevilles. Qui est le plus fou des deux ?

Nous travaillons en premier lieu pour pouvoir s’offrir de quoi remplir la gamelle et s’offrir un toit, et s’il en reste un peu à la fin du mois on peut aussi s’offrir des choses futiles et inutiles pour se la raconter devant les copains.

Les phrases toutes faites des personnes issues du baby-boom, essayant de guider la plus jeune génération sur les grandes décisions à prendre dans leur vie sont fausses. Basées sur leur expérience, ce qui a été vrai hier ne l’est plus forcément aujourd’hui :
« Louer c’est jeter l’argent pas les fenêtres »
« Maintenant que tu as un boulot, achète ton appart, les prix grimpent »
« Il faut acheter maintenant ! Les taux du crédit sont bas et vont bientôt remonter ! »

Ok ok, attends, je prends un peu de recul là. Tu es en train de me dire qu’il faut que je fasse un crédit sur 25 ans pour m’acheter un appartement en France quand :
Le chômage est à son maximum, les emplois précaires en hausse, les jeunes diplômés fuient, les retraités aussi (coût de la vie trop élevé en France en comparaison de leurs retraites), la hausse des taxes des propriétaires, l’engorgement de l’offre immobilière face à la demande (2,5 vendeurs par acheteur), l’encadrement des loyers, et des prix qui ne baissent toujours pas (assez) ?
Non !

M’enfonçant alors dans mon siège, je prends une respiration et me dis que la vraie vie, ce n’est pas ça. Quitte à tout perdre en prenant des risques, le jeu en vaut largement la chandelle. La récompense du succès ne pouvant alors être que plus grande : vraie liberté et pouvoir de création.

Rêve et bats-toi.

Bali est très appréciée de la communauté française. Et je n’ai encore jamais mis les pieds là-bas. Au fond de mon siège je me mets à imaginer une vie là bas, le soleil, les plages de sable blanc, un bol de fruits tropicaux frais et une jeune noix de coco en guise de petit-déjeuner quotidien. C’est décidé, une fois mon contrat terminé, je pars vivre là-bas.

C’est alors qu’à chaque moment de libre, je me prends à réfléchir et me perds dans cette image que l’on se fait lorsqu’on pense à un lieu sans y avoir mis les pieds.

Se sentir guidé, comme transporté, par ce que l’on fait au quotidien, n’est possible qu’en faisant ce que l’on aime vraiment… J’aime la nature et les grands espaces, j’aime pouvoir aller où je veux quand je le veux, j’aime expérimenter de nouveaux sports, de nouvelles cultures, ressentir des nouvelles choses et en apprendre plus sur les modes de vie dans les autres pays et rencontrer des personnes qui partagent la même vision, la même mission, la même ambition.

Si j’ai la chance d’atteindre un grand âge un jour, je veux pouvoir me retourner sur ma vie et me dire : « Voilà ce que j’ai réalisé ».

L’ecolodge que je souhaite créer en est l’exemple parfait. Il y aura beaucoup d’embûches, de pièges, d’événements inattendus, mais je me battrai pour y arriver.